Le mobilier
Nautile monté
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Matériaux
Argent, Nautile, Vermeil -
Dimensions
Hauteur : 42 cm -
Provenance
Allemagne -
Numéro inventaire
2021.14.1
Ce nautile entièrement poli laisse apparaître sa couche nacrée et irisée. Il a donc bénéficié d’un traitement de sa surface accompagné par l’intervention d’un graveur qui s’est nourri des répertoires issus de la Renaissance, et plus précisément des grotesques. On retrouve en effet le vocabulaire traditionnel de cette iconographie typique du XVIe siècle et qui fait son retour à partir des années 1840 dans le cadre du style néo-Renaissance. Mascarons à cornes, chimères au cou démesuré, figures de termes, putti, le tout inscrit dans des rinceaux végétaux parfaitement organisés. Le nautile est enchâssé dans une monture d’orfèvrerie destinée à le protéger autant qu’à le mettre en valeur. La monture reprend elle aussi tout le vocabulaire typique du XVIe siècle dans le domaine de l’orfèvrerie. On retrouve sur un piédouche ovale estampé les rinceaux, sur fond amati, le fût en forme de satyre supportant le nautile et les montures ajourées à têtes de putti ou de femmes enserrant le coquillage.
La production de ce type d’objet est liée au rapport nouveau entre l’Homme et la Nature au cours du XVIe siècle. Les curiosités naturelles ou naturalia deviennent à la fois sujet d’étude et de collection.
Afin de valoriser leur éclat, leur préciosité ou leur rareté, les orfèvres dessinent et fondent des montures riches transformant l’objet, le coquillage en l’occurrence, en une coupe ou hanap.
Conservés au sein des cabinets de curiosités ou chambres des merveilles, ils fascinent aussi bien hier qu’aujourd’hui. Les collections publiques conservent quelques exemplaires particulièrement riches, au Louvre ou à Ecouen, de ces objets de la Renaissance. Malheureusement leurs montures ont bien souvent été fondues au cours du temps et la circulation de ces objets sur le marché devient très rare.
Cependant il est heureux de noter que dans sa fièvre des revivals, le XIXe siècle a produit de beaux exemples, en particulier en Allemagne, de ces objets. Il ne s’agit pas de faux puisque les poinçons attestent bien souvent du lieu d’origine des montures métalliques. Dans cet exemple les poinçons n’ont pas été repérés, sont-ils absents ou simplement cachés par le nautile ? Ces questions méritent d’être soulevées même si elles ne remettent pas en cause l’intérêt de l’objet. En effet, longtemps rejetés, ces pastiches témoignent d’une histoire du goût et des collections tout à fait notable. Ils témoignent aussi de l’usage des nautiles et des recherches pour retrouver les techniques de gravure des artistes de la Renaissance Cet exemple prouve la bonne maîtrise du vocabulaire, bien que le trait soit plus fruste que l’exemple du Louvre.