Les objets religieux
Boîte à chapelet
Il s’agit d’un extraordinaire porte-chapelet, en forme de croix de 19 cm de hauteur pour 14 cm de largeur. Ses grandes dimensions, particulièrement rares pour des objets fabriqués à partir de noix de corozo, ménagent de grandes surfaces à sculpter. Le tabletier en charge de cet ouvrage a en effet utilisé chaque face de l’objet pour démontrer son talent de sculpteur.
Le corozo est une des matières végétales exotiques utilisées en tabletterie. Également connu comme tagua ou ivoire végétal, c’est une graine produite par un palmier d’Amérique centrale. Elle fut rapportée en Europe à la fin du XVIIIe siècle par les explorateurs du Nouveau Continent. Les marins taillèrent la matière pour créer de petites boîtes, souvent sous la forme de tabatières.
L’Allemagne fut le premier pays européen à travailler le corozo et gardait jalousement son origine secrète car outre l’Equateur, la Colombie fournissait également l’Europe en noix de corozo. Entre la fin des années 1850 et le début du XXe siècle, l’ivoire végétal fut utilisé par les boutonniers allemands, français, italiens, tchèques ou anglais. Les tabletiers et bimbelotiers le travaillèrent également pour en faire des dés, manches, bijoux et autres boîtes en tout genre.
La boîte à chapelet se pare d’un décor sculpté présent sur toute sa surface extérieure et dont le thème iconographique fait écho à sa destination. En effet, différentes scènes de la vie du Christ y sont méticuleusement représentées. La description de la notice de l’objet fait mention de la Naissance et de la Passion du Christ. On peut également distinguer la Cène sur l’arrière du pied ou l’Ascension sur l’avant. Le couvercle présente plusieurs épisodes de la Passion dont la condamnation devant Pilate à gauche, le chargement de la croix au centre et une des chutes de Jésus à droite. Un médaillon végétal orne la partie centrale du couvercle, toujours en corozo mais débarrassé de son écorce brune permettant de mieux comprendre son appellation d’ivoire végétal avec cette couleur crème. La boîte est surmontée par une sculpture en ronde-bosse dont l’iconographie reste à déterminer. Une frise de coquillages, alternant conques et coquilles Saint-Jacques, court tout le long de l’ouverture du couvercle et permet de former un masque menaçant au centre grâce au corozo crème.