25.05.2012 – 14.10.2012
Commissariat : Lionel Mignot
Depuis l’Antiquité, les perles ont toujours été des objets de fascination, alimentant les légendes et croyances. Pour les Romains, les perles étaient les larmes pétrifiées des dieux, pour les Grecs, des fragments d’éclair tombés dans la mer alors qu’en Chine, on pensait qu’il s’agissait de l’âme de l’huître. Exploitée d’abord en Mésopotamie et en Asie 5 000 ans avant notre ère puis cultivée en premier par les Chinois, la perle est devenue un signe d’apparat et de richesse. A la Renaissance, les perles des Indes puis plus tardivement celles de Tahiti, servent de parures aux monarques et à la noblesse d’Europe.
Qu’elles soient fines (d’origine naturelle) ou de culture, les perles sont le résultat de l’introduction d’un corps étranger entre la paroi interne de la coquille et le manteau d’un mollusque. Pour se protéger de l’intrus, le coquillage l’enrobe d’une multitude de couches de nacre. Cette série de couches donne alors aux perles forme et éclat. La perle de Tahiti provient des sécrétions d’une espèce bien particulière d’huître perlière, appelée Pinctada Margaritifera, variété Cumingii. Ce mollusque aux lèvres noires se trouve dans les eaux chaudes et limpides des lagons, où il vit fixé sur les reliefs coralliens.
Le commerce de la perle fine de Tahiti est lié à l’arrivée des premiers navigateurs européens au XVIe siècle. Auparavant, rare et difficile à trouver, elle était utilisée par les Polynésiens pour des parures d’oreilles, des habits cérémoniels, le troc ou les échanges diplomatiques. La coquille de nacre servait quant à elle à fabriquer des hameçons, des outils ou des objets de décoration. Transformée peu à peu en objet de commerce, l’huître perlière est exportée pour la confection de boutons ou la marqueterie. A la fin du XVIIIe siècle, les atolls des Tuamotu et des Gambier deviennent le centre de la « plonge aux nacres », entraînant de profondes mutations dans la société polynésienne. Les apnéistes polynésiens migrent d’îles en îles, descendant jusqu’à 40 mètres de profondeur.
Le XIXe siècle marque un tournant pour l’activité. L’intérêt de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie pour les perles fines de Tahiti se traduit par une prise de contrôle de l’administration française sur ce commerce et les techniques de plongée. Un siècle plus tard, la surexploitation des réserves naturelles en est la conséquence, ce qui oblige les autorités locales à instaurer des quotas de pêche ainsi que la mise en place de fermes d’élevage dans les lagons. L’année 1961 marque les débuts de la perliculture avec la première greffe artificielle réussie en Polynésie. En 1988, la dénomination « Perle de Tahiti » est acquise sur le plan administratif. Elle devient alors pour les spécialistes du monde entier « la Perle des Reines et la Reine des Perles ».
Cette exposition invite à parcourir l’histoire de Tahiti à travers l’utilisation des perles et à plonger dans les eaux de Polynésie française à la découverte de ces joyaux. Cette plongée initie le visiteur à la biominéralisation, la formation des perles, leurs différentes formes et couleurs, la structure de la nacre, les mollusques perliers marins et leur écologie, leur utilisation au fil des siècles, la pêche et la culture des perles, la mise en place d’une industrie de la nacre et de la perle fine, la naissance de la perliculture…
Les objets, nacres et perles proviennent de nombreux musées tahitiens ou européens. Certaines pièces sont exceptionnelles et d’une grande rareté. Les objets présentés témoignent d’activités séculaires qui font aujourd’hui partie intégrante de la culture et du patrimoine des polynésiens.